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Deux films d'Eugène Green :
Bien qu'il soit d'origine étasunienne,
Eugène Green réalise des films français comme aucun français n'aurait
osé en faire, comme personne avant lui n'en avait fait, le tout dans
une langue extra-ordinaire.
Le Monde Vivant : L'histoire
d'un Ogre qui ne veut plus de son épouse... Une demoiselle qui est sa
prisonnière... De deux chevaliers (dont un qui a un lion !)... et aussi
de deux enfants dans un garde-manger... Cette histoire se passe de nos
jours !
C'est poétique... touché par la grâce et drôle.
Le Pont des Arts : Paris, fin 70 début 80. Pascal étudiant malheureux rejette ses études en philosophie et Sarah, jeune
chanteuse lyrique malmenée par un chef tyrannique, vont s'aimer sans
jamais se rencontrer. Plus je vois ce film, plus je l'aime. J'aime ses
acteurs, la musique, Paris, la façon dont il est filmé et surtout la
langue, les dialogues, le phrasé unique...
Exemple de dialogue entre Pascal et sa future ex-copine :
-Tu me quittes ?
-Oui.
-Ce n'est pas sympa.
-Je ne cherche pas à être sympa... je ne suis pas démagogue.
-Ce n'est pas bien élevé non plus !
-Je ne suis pas bien élevé... je suis philosophe.
-Tu as toujours été philosophe, mais tu ne me quittes qu'aujourd'hui !
-Le silence me révolte.
-Je cherche à atteindre le sublime.
-C'est dans le silence que la philosophie meure et que le fascisme naît.
-Alors c'est ton devoir de me quitter.
-Oui... veux-tu quand même que je t'allume avant de partir ?
-Une philosophe qui allume un mec juste avant de le quitter c'est une sadique !
Deux films avec Jake Gyllenhaal :
L'an passé ces deux films étaient sortis à une semaine d'intervalle, et j'ai acheté ces deux dvds à une semaine d'intervalle...
Jarhead : Film
sur la première guerre du Golfe (la moins illégitime) réalisé par Sam
Mendes (American Beauty). On y suit Swofford, un jeune marine, qui avec
ses comparses -tous biberonnés à Apocalypse Now & autres films de
guerres- va, après une préparation des plus brutales, débarquer dans le
désert. Ils découvriront la mort, l'alcool, l'ennui et l'amitié.
Brokeback Mountain : pour
un ami qui ne voulait pas voir ce film (pour diverses raisons) j'avais
décidé d'écrire une "critique" qui le pousserait à aller le voir.
La voici :
Deux jeunes cow-boys acceptent un travail
plutôt ardu : surveiller jours et nuits un troupeau de moutons lors de
sa transhumance sur Brokeback Mountain. Pendant qu'un gars reste sur la
montagne avec les moutons, l'autre en bas prépare à manger. Une sorte
de vie de couple, mais au grand air, avec pour unique décor la nature
-immense- du Wyoming. Et comme dans un couple une certaine routine
s'installe. Sauf que...
Même si le spectateur sait ce qu'il vient
voir (car depuis son Lion d'or à Venise, le film est annoncé -de façon
assez réductrice- comme "le premier western gay") ; Ang Lee, par
je-ne-sais-quel miracle, parvient à nous emmener vers cette révélation
entre les deux protagonistes, qui paraîtra aussi abrupte pour eux
qu'elle le sera pour nous. Peut-être la lenteur du temps passant sur
Brokeback Mountain et la complicité, pas vraiment gagnée d'avance,
s'installant entre eux, nous avait fait oublier le propos du film.
Comme la fleur perçant le bitume, l'amour parvient à s'immiscer là même
où personne ne l'attend.
Le lendemain, échange de regards gênés. "I'm
not queer" sera la première phrase d'Ennis, taciturne et introverti.
"Me neither" réplique Jack, solaire et fragile. Nous ne sommes pas en
milieu urbain dans les années 2000, le film commence en 1963, le
vocabulaire que nous pouvons employer tous les jours n'existe pas
encore. "Queer" est sans doute le seul mot dont dispose ces deux jeunes
hommes pour décrire ce qui leur arrive.
Et c'est en cela que le film est très
fort, émotionnellement. Il raconte simplement une histoire
d'amour. L'Amour est universel. L'Amour n'est pas daté. Le vocabulaire
de l'Amour existe, il est riche, complexe et s'applique bien évidemment
ici comme ailleurs : Rencontre, coup de foudre, trahison, jalousie,
sexe, tristesse, séparations, retrouvailles, regrets, projets,
mensonges, attentes, souffrances, non-dits, bonheur...
Au final : Une montagne comme un refuge...
une montagne pour unique témoin... une montagne comme complice... une
montagne pour tombeau.
Jamais Brokeback Mountain n'est militant. A-t'on besoin de militer pour l'Amour ?
Pour info, mon ami a été le voir... mais uniquement parce que sa copine l'a forcé.
Ah ! le pouvoir de la critique...